Cette page est une contribution personnelle d’Ulrich Fischer (consultant indépendant, Genève), qui ne fait pas partie du rapport "Aider la presse, stratégies et perspectives en Suisse romande."

Les questions et enjeux à adresser pour que les aides publiques aient un maximum d'impact pour la mutualisation dans les coulisses:

Est-ce que les médias sont partants pour lâcher leur propre CMS ?

Les médias existants utilisent des CMS et outils de back-office qui ont demandé beaucoup d'investissements, notamment pour personnaliser les fonctionnalités au gré des besoins. Il faudrait vérifier auprès des acteurs principaux s'ils sont partants d'abandonner leur outil, pour utiliser un outil "générique" réalisé par Nouvelle Presse ou un consortium national.

Dans le même ordre d'idée, vérifier auprès des principaux intéressés la disposition des collaboratrices et collaborateurs de faire évoluer leurs processus de travail: les meilleurs outils ne donnent rien de bon, s'ils ne sont pas utilisés dans le sens de leur potentiel... Il faut donc s'assurer que toutes les parties prenantes soient convaincues de l'intérêt des changements, et il faut accompagner. → coupler une aide de formation "Journalistes de demain" avec l'update de l'outillage logiciel.

Aussi, une évolution dans les coulisses ne sert à rien si le public ne profite pas des évolutions: il y a sans doute aussi un effort de médiation à effectuer (montrer la fabrique de la presse - voir à ce propos l'exemplaire blog technique de Netflix), et le fait de coupler les améliorations dans le back-office avec des nouvelles fonctionnalités pour les utilisatrices et utilisateurs. → lier avec la mécanique de financement "Médias de demain".

Afin de maximiser l'impact de l'aide publique dans le temps (éviter la dilution et la perte de valeur parce que le projet est vite abandonné), il faut s'assurer que les solutions choisies à être financées s'inscrivent en complémentarité avec les autres efforts et développements des autres parties prenantes de l'écosystème médiatique (ex IMI, InnoSuisse, l'OFC, etc). Ainsi, il faudrait inscrire dans le règlement d'attribution les éléments suivants, bien étayés: état de l'art & outils existants (ne pas créer de doublon, ne pas réinventer la roue), complémentarité & compatibilité avec d'autres outils (via API's, technologies choisies, bonne vision de l'ensemble de l'architecture et des flux de données, ...), chaîne de valeur & modèle économique (qui sont les bénéficiaires de l'outil, en terme de valeur générée, comment financer la pérennisation, quels sont les apports de l'outil pour l'écosystème global, ...), robustesse & évolutivité visée (quels sont les principes et méthodes pour garantir la fiabilité de l'outil, de quelle manière l'outil peut évoluer, ...)...

Une condition à l'octroi de soutiens financiers ou d'une subvention pourrait être la publication en open source (tant que possible) de ce qui a été développé avec l'argent public: il est souhaitable (voir indispensable ?) de "rendre" au public (et surtout aux autres acteurs de l'écosystème) une partie de la valeur de ce qui a été développé avec l'argent du contribuable. Il est envisageable de proposer (c'est difficile à imposer) le même mode de publication ouvert à une partie du travail réalisé pour la production du contenu, sous forme de open data (accessible via une API, un export de données).

Une piste intéressante serait de discuter avec la SSR sur une éventuelle construction d'une plateforme logicielle commune (contenus, services, fonctionnalités partagées) de type Service Public: plutôt que de se battre pour récupérer une partie de la redevance et se concentrer que sur un nouveau fléchage des moyens financiers à disposition (avec le risque de diluer la manne), il serait souhaitable (?) de développer une base technique commune comme socle à la production de type Service Public (voir aussi le point suivant).
Les moyens financiers rassemblés par la Fondation NP pourraient servir d'amorçage, ou de complément, pour la réalisation d'un prototype utile pour l'écosystème des médias qui produisent des contenus de type Service Public. Il est évident que cette piste est pour l'heure hautement hypothétique et que cela risque de prendre du temps, mais il serait intéressant de mener quelques discussions prospectives avec la direction de la SSR sur la question.